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Le souvenir toujours vif des fusillés de la Nivelle

Dimanche 28 août s’est déroulée la cérémonie commémorative des fusillés de la Nivelle. Chaque année, sur le site-même de leur martyr, la mémoire de Guy Lépine, Georges Mairot, Philippe Sergent et Lucien Wautier, victimes de la barbarie nazie, est ravivée. Le 21 août 1944, ces hommes jeunes ont été froidement assassinés par les Allemands en déroute. Raflés à Souppes-sur-Loing et emmenés vers Montargis, ils ont été enfermés dans une cave proche de la Nivelle et « questionnés » pour leur appartenance supposée au maquis, avant d’être conduit dans la plaine bordant le Loing et forcés d’y creuser leur propre tombe. « Lucien Wautier était père de quatre enfants en bas âge. Je suis l’un d’eux. J’avais sept ans », a témoigné très ému Hubert Wautier.

Auprès de ce descendant d’un des fusillés de la Nivelle est également venu se recueillir Roland Frégy, dernier témoin du drame, et Bernard Chalopin, qui fut à 17 ans agent de liaison du maquis de Lorris et à qui le président Macron a remis lui-même, en 2021 au mont Valérien, la croix d’officier dans l’ordre national du Mérite. 

Autour d’eux, le député sortant Jean-Pierre Door, la conseillère régionale Jalila Gaboret, les conseillers départementaux Nelly Dury, Christophe Bouquet et Ariel Lévy, le maire d’Amilly Gérard Dupaty, des élus d’Amilly et d'autres communes, les nombreux représentants des associations d’anciens combattants, des adhérents de la Maison des jeunes, des Amillois… L’Alliance musicale de Montargis a rythmé la cérémonie.

Discours de M. le maire d’Amilly

Nous sommes réunis à l’endroit précis où, le 21 août 1944, ont été abattus Guy Lépine, Georges Mairot, Philippe Sergent et Lucien Wautier. Raflés par les Allemands qui avaient subi de lourdes pertes à Souppes-sur-Loing face aux maquisards locaux, ils ont été lâchement assassinés ici-même, près de cette rivière tranquille. Ces quatre colonnes en fonte de fer fendues matérialisent ces vies fauchées et leur souvenir éternel.

La vie de ces hommes jeunes – l’un d’eux n’avait que 17 ans – a été anéantie deux jours avant qu’Amilly soit libérée par les troupes du général américain Patton. Leur mort brutale, comme celle de tant de milliers d’autres, reste pour nous tous le symbole de la cruauté de la guerre et du prix ô combien élevé de la liberté.

Comme l’a écrit Edouard Herriot, « ceux qui ont conquis la liberté l’ont conquise pour tous ». Les quatre Fusillés de la Nivelle ont payé de leur vie notre liberté. Cette cérémonie nous le rappelle chaque année. Nous sommes les héritiers de cette liberté conquise à la barbarie dans le sang et les larmes.

Mais au cœur de l’Europe, en 2022, nous assistons impuissants à de nouveaux carnages. Depuis six mois en Ukraine, des Guy, des Georges, des Philippe, des Lucien et tant d’autres innocents et innocentes de tous âges sont victimes de la folie meurtrière.

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, des hommes de bonne volonté, Allemands et Français, ont forgé le socle d’un édifice européen où la fraternité devait l’emporter durablement sur l’esprit de revanche, où la solidarité et le développement commun devaient unir les peuples pour l’avenir. Cet édifice patiemment construit depuis 70 ans est éprouvé. Le fracas des armes résonne à nos portes et ranime partout les arsenaux militaires. Les nationalismes s’expriment sans vergogne, confondant amour de la patrie et haine des autres.

Montesquieu, précieux penseur des Lumières, était si clairvoyant en écrivant : « Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderai comme un crime. »

Soyons, nous aussi, toujours du côté des Hommes.

Ne cédons pas à la démagogie